Cependant, l’apôtre Jean parle « d’un péché qui mène à la mort », pour lequel il ne demande même pas aux chrétiens de prier (1 Jean 5.16). Albert Nicole et John Stott, dans leurs commentaires, assimilent ce péché au « péché contre le Saint-Esprit » dont parlait Jésus, c’est-à-dire « un aveuglement volontaire, une rébellion systématique contre les vérités reconnues4 ». « Ils ont mieux aimé les ténèbres que la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. » (Jean 3.19) Il a « volontairement péché contre sa conscience5 », c’est pourquoi il mourra dans ses péchés (Jean 8.24), ayant refusé ce qui aurait pu lui en procurer le pardon.
Le péché qui mène à la mort est « un péché sur le chemin de la mort, car il est commis sur le chemin vers un état où l’idée de repentance n’entrera plus dans la tête » (O. Barclay). Ce texte est un avertissement réel contre un danger réel, un danger toujours présent aussi longtemps qu’un cœur mauvais et incrédule peut se détourner du Dieu vivant (Héb 3.12).
Jean n’interdit pas de prier pour ceux qui ont commis ce péché : seulement, il ne le demande pas. Mais pouvons-nous savoir si quelqu’un a commis ce péché-là ? Même dans notre église évangélique, quelqu’un peut n’être qu’un « chrétien de nom », quelqu’un qui n’a jamais accepté la grâce de Christ, le sang de Christ qui purifie de tout péché (1 Jean 1.7). Dieu seul sonde les cœurs.
Dans le doute, nous pouvons toujours prier pour quelqu’un qui semble s’être volontairement détourné de la foi : l’offre de Dieu est encore valable tant qu’on peut encore dire « aujourd’hui » (Héb 3.13). Toute désobéissance à la loi est un péché, certes, mais tous les péchés ne mènent pas à la mort (1 Jean 5.17), Dieu sait ce qui est dans le cœur du frère ou de la sœur et, s’il n’a pas commis le péché qui mène à la mort, Dieu lui donnera la vie, la vie qui triomphe de la mort.
Source : Promesses .
1 Neun und neunzig Widersprüche und dunkle Stellen in der Bibel, Berlin, Evangelische Verlagsanstalt, 1953, p. 53.
2 F.F. Bruce, Hard sayings of Jesus, p. 91-92.
3 F.F. Bruce, The Epistle to the Hebrews, London, Marshall, Morgan & Scott, 1974, p. 118s.
4 A. Nicole, La marche dans l’obéissance et dans l’amour, Vevey, Éditions Groupes missionnaires, 1961, p. 251.
5 John Stott, Les Épîtres de Jean, Paris, Farel/Sator, 1984, p. 185.